conduire une politique d’austérité en période de crise est d’une stupidité sans nom (ce que beaucoup d’économistes savent déjà, mais l’orthodoxie économique ambiante les dissuade de le crier trop fort).
le résultat de cette politique de « sérieux budgétaire », sera nul.
« C’est ce qui se passe actuellement en Espagne où malgré les efforts budgétaires, le déficit public reste à près de 8%. Cela a un coût social énorme : le chômage atteint 25% », commente Mathieu Plane, de l’OFCE.
l’effet dévastateur est démultiplié par le fait que tous les pays européens sont partis dans cette course délirante aux 3% : dans cette sarabande funeste, chacun importe la rigueur de l’autre, et l’ensemble du continent glisse vers la dépression.
Le lien entre l’intervention budgétaire et fiscale de l’Etat et la croissance est appelé le « multiplicateur ».
Jusque-là, le FMI considérait que pour les économies avancées, ce multiplicateur était de 0,5. Autrement dit : 10 euros de hausse d’impôt (ou de baisse des dépenses) entraînait une perte pour la croissance de 5 euros.
Le FMI estime aujourd’hui que cette évaluation était erronée. Selon leurs recherches, qui portent sur les huit dernières décennies, le multiplicateur serait situé entre 0,9 et 1,7.
Autrement dit : si un Etat augmente ses impôts ou baisse ses dépenses de l’équivalent de 1% du PIB, l’impact pour la croissance se situera entre 0,9 et 1,7 point, selon la conjoncture.
Bercy ne dévoile pas le multiplicateur qu’il retient pour ses prévisions budgétaires – une opacité regrettable.
« La consolidation budgétaire en France et en Europe a eu un impact négatif important » sur la croissance, « de 0,8 point par an en moyenne entre 2012 et 2017 ». Entre 2012 et 2013, la fiscalité imposée aux ménages et aux entreprises s'est ainsi alourdie de 52 milliards d'euros, dont 15,5 milliards avaient été décidés par la majorité précédente. Un ajustement budgétaire « conséquent », qui explique en partie les résultats « décevants »
Les ménages, ont vu leurs impôts augmenter de 35 milliards. Le pouvoir d'achat des ménages, en 2016, reste inférieur de 350 euros à son niveau de 2010.
La France s’est lancée dans une stratégie qui est naturellement anti-croissance. D’un côté, le gouvernement s’engage à réduire les déficits publics avec une politique d’austérité. D’un autre côté, les entreprises n’ont pas vraiment joué le jeu quand le gouvernement leur a promis des milliards d’euros.
L'impact de ce choc fiscal, destiné à redresser les comptes publics qui étaient fortement déficitaires, a été "sous-estimé par le gouvernement" et "n'était pas compatible avec une baisse du chômage .
"La simultanéité des politiques d'austérité en Europe a amplifié leur impact récessif en déprimant la demande intérieure, mais aussi la demande extérieure".
"Le rythme de réduction du déficit a été trop rapide",une "erreur originelle partagée au niveau européen". Au moment où les hausses d'impôts ont été décidée, "la reprise était encore fragile: du coup, on a calé dans la côte" .
Le problème est que les pays d’Europe sont englués dans une zone qui n’est plus économiquement porteuse. L’Europe est dominée par une Commission d’inspiration libérale et la France et les pays du Sud n’ont pas osé taper du poing sur la table .
La raison ? Une partie importante de la haute administration française et des classes dirigeantes pensent que la seule solution, c’est une politique d’austérité pour imposer des réformes structurelles.
Pierre Moscovici comme candidat de la France à la Commission européenne, un bon choix ?
- C’est l’horreur. Pierre Moscovici n’incarne pas une politique de rupture en Europe et ne porte pas une stratégie économique de relance, ni sociale-démocrate. Donc l’envoyer à Bruxelles, c’est se plier forcément aux exigences imposées par l’UE.
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