Deux millions et demi d'adultes, passés sur les bancs de l'école pendant au minimum dix années, entre 6 et 16 ans, en sont ressortis incapables de se débrouiller dans la vie. Impossible de savoir à quelle heure arrivera le bus, comment réchauffer tel plat cuisiné, combien réclame la banque, ou de quoi parle l'avenant au contrat de travail. Car oui, la moitié des personnes en délicatesse avec l'écrit occupent un emploi, et très souvent, ni le patron ni les collègues ne suspectent leur secret.
« Ils développent parfois des stratégies d'adaptation assez exceptionnelles car c'est douloureux, commente Agnès Salvadori, responsable de la mission Prévention et lutte contre l'illettrisme à la préfecture d'Ile-de-France. Ils s'appuient sur leur entourage, apprennent par coeur... »
Depuis que l'illettrisme a été érigé, en 2013, en une grande cause nationale, de plus en plus de ces handicapés de la vie courante osent sortir du bois, et réapprendre l'essentiel. Les organismes qui leur tendent la plume sont nombreux et, selon les spécialistes, l'objectif de faire tomber à 5 % le taux d'illettrisme semble à portée de main à l'horizon 2018.
Reste qu'à l'exercice de la comparaison, la France reste une bien mauvaise élève : sans être stricto sensu illettré, un Français sur cinq possède un faible niveau de lecture et d'écriture. « C'est quatre fois plus élevé qu'au Japon et deux fois plus qu'en Finlande », précise France Stratégie, un organisme dépendant de Matignon, qui juge le constat « sévère » et « préoccupant ».
L'école, de fait, doit prendre sa part de cette cinglante réalité. « Elle n'est pas conçue pour gérer la difficulté scolaire, assène Eric Charbonnier, expert des questions éducatives à l'OCDE. Pendant longtemps, sa seule réponse était le redoublement. » Inefficace, il a été supprimé. Mais la solution reste à trouver.
Et de :
http://www.leparisien.fr/societe/l-illettrisme-un-mal-francais-09-09-2016-6105867.php