Les élites politiques et économiques d’outre-Rhin renouent avec des ambitions mondiales. Elles considèrent l’Union européenne, sur laquelle Berlin exerce une influence dirigeante, comme le vecteur naturel de ces ambitions. Les rivalités entre Washington et Berlin émergent alors peu à peu, la crise ukrainienne en étant une expression cachée (qui rebondira plus tard en affrontement autour du projet de gazoduc Nord Stream 2). Les responsables allemands restent cependant respectueux duleadership global de l’Oncle Sam.
US President Barack Obama (r) awards German Chancellor Angela Merkel with the Medal of Freedom during a dinner at the White House in Washington D.C, USA
Méthode Coué et propagande éhontée
L’année dernière, ceux-ci étaient au bord de la crise de nerfs, lessivés par le rejet populaire croissant de l’UE, lui-même lié aux suites de la crise économique et sociale de la zone euro, à l’afflux migratoire et aux divisions sur ce dossier, au vote britannique pour sortir de la galère… Mélangeant méthode Coué et propagande éhontée, les Cassandre d’hier croient désormais déceler un lever de soleil radieux : présidentielle autrichienne, législatives néerlandaises, victoire du pro-européen Macron, et difficultés de Theresa May… Le tout agrémenté d’une conjoncture économique s’annonçant plus souriante, à condition, bien sûr, d’opérer les « réformes nécessaires », comme vient amicalement de le rappeler le patron du plus gros fonds mondial d’investissement, Blackrock, à son ancien collègue de la finance qui siège désormais à l’Elysée.
L’UE, pas plus qu’elle n’était à deux doigts de sombrer il y a six mois, n’est tirée d’affaire aujourd’hui
En fait, l’UE, pas plus qu’elle n’était à deux doigts de sombrer il y a six mois, n’est tirée d’affaire aujourd’hui. Aucun des explosifs cités n’est désamorcé. En France par exemple, l’européiste président aurait tort d’imaginer qu’un boulevard lui est offert. Si les électeurs les plus réticents à l’intégration européenne – ouvriers ou chômeurs, banlieusards ou ruraux, partisans de Jean-Luc Mélenchon, de Marine Le Pen, ou autre – se sont le plus massivement abstenus, ce n’est sûrement pas parce qu’ils auraient subitement découvert des charmes cachés à Bruxelles.
A l’inverse, la « déferlante » des députés macronistes offre un visage très particulier du « renouveau » : les « petits nouveaux » du Palais-Bourbon présentent massivement le profil d’entrepreneurs, de patrons de start-up, de conseillers en management ou en « ressources humaines »… Tout ce petit monde est naturellement euro-enthousiaste.
Extrait de:
https://ruptures-presse.fr/actu/merkel-trump-otan-ue/